Séminaire pharmakon.fr
Téléchargez ici l’argumentaire en pdf
Exorganologie III.
Remondialisation, Localités et modernité
Maison Suger (16-18 rue Suger, 75006 – Paris) Fondation Maison des sciences de l’homme Collège d’études mondiales
Pour vous inscrire, envoyez un email à contact@iri.centrepompidou.fr
Argument
Quel est le périmètre de l’individuation collective dont nous posons avec Simondon qu’elle conditionne l’individuation psychique, et comment ce périmètre et cette condition peuvent-ils être configurés par l’individuation technique ? Questionner ainsi, c’est examiner comment s’entr’appartiennent ce que nous avons appelé les exorganismes simples, les exorganismes complexes inférieurs et les exorganismes complexes supérieurs.
Pour explorer ces questions, nous passerons par Les deux sources de la morale et de la religion et par ce que Bergson y considère comme le clos et l’ouvert. Nous tenterons en outre de comprendre ce qu’Augustin Berque tente d’établir à travers la mésologie qu’il élabore à partir de son interprétation du Fûdo du Watsuji Tetsurô. A partir de là, nous reviendrons vers les énoncés de Marcel Mauss autour de la question de l’internation, de leurs limites, et de leur nécessité.
Nous tentons d’établir dans ce séminaire que la localité n’est pas soluble dans le devenir – sauf à en éliminer tout avenir. C’est une position difficile : un « localisme » se présente aujourd’hui comme projet d’une politique « écologique » d’extrême droite, identitaire, nationaliste et xénophobe, qui prétend rationaliser les mouvements régressifs qui dominent de nos jours partout dans le monde.
De grands penseurs se sont gravement compromis, au cours du XXè siècle, en s’engageant sur cette voie, et en particulier, en Europe, Martin Heidegger, tout d’abord à travers son analytique existentiale du là, puis au Japon, avec l’école de Kyoto et la « logique du lieu » de Nishida Kitaro. C’est ce qui fut à l’origine du colloque Dépassement de la modernité qui se tint en 1942 à Tokyo.
Pour nous confronter à ces très difficiles questions, et en rappelant que nous les abordons en vue de consolider les attendus théoriques et pratiques d’une économie contributive qui repose sur la réticulation de localités territoriales ouvertes, nous commencerons cette année le séminaire en y accueillant Ishida Hidetaka, qui écrivait en 2004 – dans le cadre de sa direction de programme au sein du Collège international de philosophie :
Nous sommes internationaux depuis que nous sommes nationaux, alors que la question de l’universel serait sans doute aussi vieille que la philosophie … Qu’est-ce qui se passerait si cetuniversel était quelque chose d’historique, quelque chose qui de surcroît serait lié aux catégories du moderne et par là-même était en étroit rapport avec l’opposition national vs. international ?
En lien direct avec le programme d’expérimentation sociale conduit en Seine Saint- Denis dans le cadre du Territoire Apprenant Contributif de Plaine Commune, et avec la constitution du groupe Genève 2020 qui prépare un memorandum à l’adresse de l’Organisation des Nations Unies (à l’occasion du centième anniversaire de la Société des Nations fondée à Genève le 10 janvier 1920), nous avions entamé au début de l’année 2019 la lecture de La nation, où Marcel Mauss esquisse le concept d’une internation, qui constituerait à ses yeux une proposition plus appropriée que celle de l’internationalisme prolétarien, qui devint le slogan de l’Internationale socialiste à la fin du XIXè siècle.
Cette année, et après être passé par le Japon, Simondon, Bergson et Berque, nous poursuivrons cette lecture pour critiquer ce qui nous paraît constituer les insuffisances des analyses de Mauss au regard de ce qu’un siècle plus tard nous savons, et dans le contexte à la fois de la disruption technologique, de l’ère Anthropocène, du concept de Capitalocène que lui oppose Jason Moore, et de ce qui se nomme à présent la collapsologie.
Le Séminaire Pharmakon 2019/2020 aura lieu les jeudis, à la Maison Suger (16-18 rue Suger, 75006 – Paris) de 17h00 à 20h00.
Dates des séances :
28 Novembre 2019 (17h00 – 20h00)
12 Décembre 2019 (16h00 – 19h00)
23 et 30 Janvier 2020 (17h00 – 20h00)
6 Février 2020 (17h00 – 20h00)
5 Mars 2020 (17h00 – 20h00)